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| Se déshabituer du familier |
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Se déshabituer de ce qui nous est familier |
Sophrologie appliquée |
2011
Dans la rencontre avec les autres, les événements et les choses, nous glissons facilement dans la familiarité de ces dernières. Dans un premier temps, c'est un processus tout à fait normal d'apprentissage et d'adaptation. Mais parfois, nous oublions que cette familiarité est juste une étape, surtout pas une fin en soi. La familiarité nous apporte un certain confort, mais parallèlement elle devient la source des idées toutes faites, des a priori, des étiquettes qu'obstaculisent la découverte ou redécouverte du monde et de nous mêmes. La familiarité, l'habitude et pire encore, la routine, ne font que stagner notre épanouissement créatif sur le chemin.
La sophrologie, à travers sa pratique, nous invite à nous situer dans un angle de vue où les choses quotidiennes peuvent être autrement. La mise entre parenthèses de ce que nous croyons connaitre est une tentative pour nous défamiliariser du déjà vu. Les choses peuvent ne pas bouger à l'extérieur, mais à travers l'expérience de notre regard nouveau, les choses se révèlent autrement, l'ordinaire devient extraordinaire.
La conscience joue sur deux pôles : celui de la familiarisation et celui de la défamiliarisation pour apprendre, dévoiler, connaitre, assimiler les autres et le monde. En temps normal, la défamiliarisation fonctionne bien. Elle représente une phase d'ajustement, d'intégration des expériences, elle nous dévoile son côté inachevé. Dans certaines occasions, les chocs émotionnels et les conflits que nous subissons du passé dénaturent ce processus et la conscience même à la tendance à s'obnubiler et se figer dans le refuge du familier.
Nous pouvons vivre l'expérience de défamiliarisation de deux manières: en premier lieu comme venue de l'extérieur, par exemple, quand mous rentrons d'un long voyage, lors d'un événement important qui nous arrive, soit positif ou négatif, lors d'une crise, qui nous sortent de l'habituel. En deuxième lieu, la défamiliarisation peut être provoquée par soi même, par un choix volontaire, par un acte conscient, par l'expérience créative ou artistique, par la contemplation et la méditation, par la présence.
Pouvoir s'arrêter et observer simplement nous permet de voir autre chose que ce qui nous est familier. Quand on s'arrête, les choses peuvent se présenter autrement et c'est toujours un risque qui trouble notre confort du connu mais qui nous ouvre aux joies de l'inconnu. De point de vue du transgénérationnel, il y a des générations qui continuent à répéter sans cesse les mêmes schémas au fil des années (parfois toxiques), et il arrive qu'un individu ou une famille arrête ce mouvement et déclenche la déshabituation, de manière forcée ou consciente. Par exemple le mouton noir, celui qui part loin de sa famille, celui qui démarre une démarche personnelle, considéré par sa famille comme un personnage rare.
Nous pouvons nous exercer au quotidien, dans ce merveilleux laboratoire de la conscience qu'est l'existence, à nous déshabituer du familier. Par exemple nous amuser à faire sortir les autres et les choses de leur contexte habituel, déjà dans notre esprit. Libérer ses proches pendant quelques instants de leur rôles définis, ne plus les enfermer dans l'étiquetage habituel. Egalement oser s'exercer à se déshabituer de soi même, de ce qu'on connait déjà, des ses images sur nous mêmes figées dans notre esprit depuis des années.
Se déshabituer du familier nous relie avec la découverte permanente, c'est un super antidote contre l'ennui du quotidien, une manière ludique d'accueillir l'existence, d'apprendre mais aussi d'oser désapprendre pour faire la place dans notre esprit. La perception des autres devient unique, dynamique, créative même si vous connaissez vos proches depuis longtemps. Se déshabituer consciemment de sa maison, de son quartier, de ses voisins, de son pays, de sa culture, de ses objets, nous permet d'élargir notre conscience.
Se déshabituer du familier signifie oser changer l'angle de vue, signifie que les choses gardent leur mystère et chaque jour se révèlent différemment, signifie qu'aujourd'hui n'est pas la continuation d'hier. Les paramètres sont différents, se défamiliariser du connu signifie de vivre en conscience pleine.
Se déshabituer de familier ne signifie pas changer pour changer, ou de parcourir le monde pour ne pas mourir d'ennui. On pourrait tomber aussi dans la routine du changement. C'est tout d'abord une attitude intérieure, une vision de l'esprit. Le changement extérieur peut nous aider, mais n'est pas une condition ultime en soi. On peut composer sur ce qui existe déjà, nous glissons dans l'expérience créative donc.
Claudia et Ricardo
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Exercices.
- -Savoir prendre de la distance : parfois il est nécessaire de prendre une distance physique ou temporelle avec les choses mais pas toujours, parfois la distance peut être psychique.
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- -Nommer les choses autrement ou les renommer. Apprendre des nouveaux mots pour dire ce qu'on vit. Les mots nous ouvrent à d'autres expériences. Exemple: selon la proximité dans nos relations avec les autres, nous essayons de changer leurs noms. L'utilisation de la poésie est une manière de voir différemment la même chose.
- -Sortez les choses de leur contexte habituel, soit en les déplaçant, en changeant de lieux ou de fonction.
- -Sortez vos proches de leur contexte habituel (famille, des amis). A travers une activité différente, une activité ludique, une manière différente de lui parler ou de l’aborder.
- -Reconnaitre la grande différence qui existe entre un proche et vous et la respecter. Reconnaissez ses valeurs, ses goûts.
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Bernard Santerre
Un sophrologue visionnaire et authentique
Nous avons rendu hommage de son vivant à Bernard dans une newsletter en juillet 2009. A son départ de ce passage intense vécu sur terre, nous voulions y revenir car il nous laisse de grandes perspectives dans le dévéloppement de la profession de sophrologue. Nous l'exprimons au présent car son enseignement est toujours vivant parmi les personnes qu'il a imprégné.
"Avec Bernard Santerre, la sophrologie est « claire ». Il contribue à épurer les concepts appris en sophrologie. Son enseignement est une invitation au discernement, en permettant de différencier entre ce qui est et ce qui n’est pas. La sincérité est caractérisée par une dimension ludique très forte et Bernard sait l’exprimer facilement. Avec lui, c’est la sophrologie du réel. Il nous surprend toujours avec ce point de vue authentique. Il bouscule nos croyances confortables avec humour et classe, et nous propose de voir si les choses peuvent être autrement. Pour nous, il est parfumé d’authenticité et de vision, en nous encourageant à voir et à boire à la source. Bernard, dans son enseignement, invite chacun à développer sa propre vision des choses, et que le sophrologue développe et passe directement sur le terrain.
Dans la formation il a bien défini le cadre avec rigueur, en laissant un grand espace et une grande ouverture. Nous le confirmons avec ses élèves. Il a formé des centaines de sophrologues en Bretagne, dans le cadre de l’Institut de Sophrologie de Rennes qu’il a créé et dirigé pendant de années, avec une formidable équipe d’enseignants chevronnés, aujourd’hui sous la direction de Pascal Gauthier et Dominique Aubert qui le développent avec excellence. Dans sa dernière aventure, il a créé en Normandie le Centre de Formations de Sophrologues Professionnels, sous la direction de RIchard Esposito. Dès notre première rencontre en mai 1991, le courant est passé avec Bernard, et depuis, nous animons la sophrologie ludique dans l’Institut de Sophrologie de Rennes. A chaque rencontre avec Bernard, c’était une célébration. Il nous apportait beaucoup dans nos recherches personnelles et professionnelles. Il contribue à l’essor et à la reconnaissance professionnelle de la Sophrologie en France. Merci Bernard de ton soutien du premier moment de notre rencontre et pour partager ta vision, ton amitié et ton authenticité avec classe et clarté. Celle-ci nous accompagnera toujours.
Claudia et Ricardo
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